... glacial printemps d'hiver monotone ... 3 heures du mat. ...

Sur les rochers, les vagues se déroulaient bruyamment remuant le sable. Le soleil dardait une lumière éblouissante qui éloignait les poissons et les oiseaux de la surface de l'eau. Au loin, un brouillard léger embrumait l'horizon. L'eau éclaboussait haut. Tex se releva doucement pour ne pas déraper. Puis, en hâte, il reprit le chemin de terre. Le vent portait le bruit de l'eau des vagues rompues, le bruit du sable emportait l' écume, exalait l'amertume d'un parfum d'embrun. Mais Tex était pressé, en quête de l'infini, il tournait maintenant le dos à l'horizon. Fâce à lui, des arbres dont les cimes laissaient entrevoir par endroit quelques traces d'un ciel bleu nuageux. Lorsqu'il fut enfin arrivé à sa voiture, il se rendit compte qu'il avait oublié son sac près des grands rochers escarpés où il s'était reposé. Il y retourna et constata que la marée descendante avait laissé derrière elle sur le sable des traces verdâtres. Une fois arrivé au niveau du grand rocher, il reconnut les algues maritimes, d'un vert foncé terne et jaunâtre qui s'amoncelaient en tas par endroit, entremélées autour de quelques morceaux de plastique. Son sac n'avait pas bougé, juste un peu humide. Il le prit puis retourna à sa voiture. Il souffla un moment. Texasveri, comme on le surnommait depuis des décennies resta songeur un moment. Puis, il se décida à partir. Il sortit du parking, cheveux au vent, il roula durant une cinquantaine de kilomètres jusqu'à ce qu'il aperçoivent une mouette dans son rétroviseur. Elle le doubla par le haut de sa voiture, frôlant l'excès de vitesse sans nullement se surprendre du radar placé cent mètres plus loin. Tex ralentit sa vitesse. La mouette s'était posée juste dessus le radar avant de redécoller vers la cime d'un arbre, à tire d'aile, sûre d'elle, jusqu'à disparaître dans le céleste bleu nuageux vers l'océan.